Le Harpon du Diable (Cantal)
Au paradis Saint-Pierre était surchargé de travail, si bien qu’il avait bien mauvaise mine. Un jour, Dieu-le-Père, bien conscient de l’état de faiblesse du saint, lui ordonna de se rendre à Vic-sur-Cère pour qu’il y prit les eaux. La Font Salada (NDRL: la fontaine salée) de Vic était connue depuis l’époque gallo-romaine. Ses eaux auraient guéri de nombreuses maladies dont l’anémie de Marguerite de Valois, la reine Margot, épouse d’Henri IV en 1586. L’exploitation des eaux minérales de Vic-sur-Cère survécut jusque dans les années trente.
Sur le chemin, après avoir été saluer Notre-Dame de Lescure à Valuejols, il rencontra une belle jeune fille qui se rendait à Vic, elle aussi, et pour la même raison, ils firent route ensemble. Cette dernière était charmante et d’une humeur fort joyeuse. Saint-Pierre apprécia grandement cette compagnie réjouissante dans cet effort. Saint-Pierre marchait aussi vite que ses vieilles jambes pouvaient mais petit à petit, le soir tombait.
Les yeux de celle-ci jetaient des éclairs, des cornes horribles poussaient sur son front, un ricanement affreux sortit de ses entrailles; le diable en personne se dévoilait. Aussitôt, une lutte terrible s’engagea entre les deux : l’herbe s’enflammait sous leurs pieds, des éclairs parcouraient la montagne et une odeur nauséabonde se propagea dans les airs. Malgré son âge et porté par la force divine, Saint-Pierre livrait un terrible combat contre Satan. Il l’empoigna pour l’envoyer dans un grand fracas rouler au fond du ravin des Gardes. Le diable tenta vainement de résister ; il ne réussit qu’à laisser dans la roche l’empreinte de ses cinq griffes qu’il y avait plantées. Ce sont ces cinq grandes crevasses appelées Le Harpon du Diable, aujourd’hui orthographié L’Arpon du Diable, entre le buron de Pranada et le Puy Brunet.
Bibliographie :
- BRUGES Daniel, » Les mystères du Cantal », Éditions De Borée, 2010.
- LAURAS-POURRAT Annette, « Guide de l’Auvergne mystérieuse », Éditions Tchou, 2000.