Les reliques de Saint Germain
Le seigneur de la Boyle sauvé par Saint Germain
Lors d’une partie de chasse, le vicomte de la Boyle poursuivait un cerf. Fougueux, le jeune seigneur galopait en tête avec un vassal qui le suivait de près.
La poursuite dans la forêt laissa place à la verdure des estives. Le vicomte aperçut au fond de la vallée le clocher de l’église de Brezons qui abritait le pouce sacré de Saint-Germain. Le pieux seigneur arrêta sa course, abaissa sa toque et salua le saint. A cet instant, son compagnon le dépassa fièrement et s’écria d’un sourire moqueur : « – A cette heure, il nous vaut mieux un coup d’éperon qu’un salut aux habitants du paradis. »[2] Le seigneur de La Boyle le gronda sévèrement pour cette parole malheureuse.
Puis la chasse reprit son cours. Les sons des trompes et les cris des piqueurs résonnaient entre les crêtes. Quand l’ardent vassal atteignit le cerf, on entendit un cri d’effroi et le bruit d’un corps roulant dans l’abime. Le vicomte lancé au grand galop arriva à deux pas du rocher qui s’ouvrait brusquement sur un ravin. Impossible alors d’arrêter son cheval, résigné, il savait qu’il allait mourir. Mais au moment où il allait plonger dans le vide avec sa monture, il appela Saint-Germain. Soudain, les sabots de son cheval s’enfoncèrent dans le sol. Une force mystérieuse le maintint à sa selle.
Une chapelle fut bâtie à l’endroit du prodige. Aujourd’hui, elle n’existe plus. Mais d’après le « Guide historique Durif », Guillaume de Brezons a offert une châsse dorée pour la relique du bras de Saint-Germain d’Auxerre à Cézens qui l’avait sauvé du danger.
Quand la relique du bras de Saint-Germain perdit son doigt
C’est lors d’un pèlerinage, à la fête patronale du 30 août à Cézens que l’incident arriva.
Le bras de saint Germain d’Auxerre était alors exposé aux fidèles dans le village. La foule des pèlerins vénérait la relique connue pour guérir les corps possédés par la folie. Mais une « folle fille » de Brezons, au lieu de baiser la main du saint comme il était de coutume, arracha avec ses dents un doigt et s’enfuit aussitôt à travers champs pour le rapporter au curé de Brezons. Nul ne sait ce qu’il s’est passé entre les curés des deux paroisses… Mais depuis le doigt du saint est resté à l’église de Brezons où l’on exposait la relique tous les ans à la saint Germain.
Sarah Hubert-Marquez
Photos des reliquaires : Pierre et Pascale Moulier